Le Projet LUNNE

La Lumière la Nuit Nuit à l'Environnement

Contexte et challenge sociétal

L’aménagement nocturne de villes durables passe par une utilisation parcimonieuse de l’éclairage artificiel la nuit (ALAN : Artificial Light at Night) pour répondre aux besoins sociétaux de sécurité, de mobilité, de vie économique et sociale pour tous – hommes, femmes, personnes âgées, piétons, cyclistes – tout en limitant les consommations d’énergie, les nuisances pour les humains, pour le climat et pour la biodiversité. Dans le contexte actuel de transition énergétique et écologique, il semble nécessaire de faire évoluer les villes vers plus de sobriété lumineuse, mais les modifications de l’éclairage doivent être acceptées par la population, et réalisables techniquement, pour être mises en œuvre. Le développement de la Smart City et les possibilités offertes par la technologie LED permettent d’envisager différentes stratégies de réduction de l’ALAN, tout en contrôlant leur impact sur la qualité de vie des usagers et sur les écosystèmes.

Problématique

Au cours des 20 dernières années, de nombreuses connaissances ont été accumulées sur les perturbations des comportements animaux liés à l’ALAN, sur les modifications de l’abondance des espèces et du fonctionnement des écosystèmes. La principale motivation des recherches en écologie sur ces sujets provient du fait que l’Homme est devenu le moteur principal des changements à l’échelle de la planète. Or un des aspects du Global Change est la diminution rapide de la biodiversité, au point que la période récente est décrite comme celle de la 6e « extinction de masse ». Cette situation préoccupante explique la sensibilité des pouvoirs publics et des citoyens à la conservation des espèces menacées et la préservation de la biodiversité. Parmi les pressions anthropiques qui pèsent sur la biodiversité, l’ALAN est identifiée comme une menace majeure, même si elle est moins médiatisée et moins étudiée que d’autres.

L’extinction de l’ALAN n’étant pas toujours une option acceptable, il est nécessaire de mieux comprendre les contraintes et les besoins des différents acteurs, humains et non humains, pour transformer la fabrique de la ville nocturne et promouvoir un éclairage urbain soutenable, en adéquation avec les trois piliers du développement durable, social, économique et environnemental. Pour y parvenir, il est nécessaire de concevoir et d’évaluer les installations d’éclairage urbain au regard des différents enjeux, afin de réaliser les meilleurs compromis entre les besoins des usagers et les impacts sur l’environnement.

Objectifs

Le projet LUNNE aborde plusieurs verrous scientifiques associés à la réduction de l’ALAN avec une approche pluridisciplinaire à travers trois dimensions :

  1. Du côté des acteurs de l’éclairage urbain, une meilleure connaissance des pratiques des collectivités en matière de réduction de l’ALAN, et des possibilités techniques et organisationnelles envisageables. Ces connaissances permettront notamment de sélectionner des scénarios d’expérimentation avec les collectivités partenaires du projet, et de proposer des méthodes de concertation adaptées aux politiques publiques de réduction de l’ALAN.
  2. Du point de vue de la qualité de l’éclairage pour les usagers, une meilleure connaissance et quantification de l’impact des stratégies de sobriété lumineuse sur les usagers (mobilité, sécurité, ambiances nocturnes), et une meilleure compréhension des freins et des leviers à l’acceptabilité de ces politiques publiques d’éclairage.
  3. Du point de vue des effets sur l’environnement, une quantification plus adaptée de l’impact de stratégies de réduction de l’ALAN sur les écosystèmes à travers le développement de nouveaux indicateurs à différentes échelles spatiales.

Ces trois dimensions se rejoignent dans la proposition d’indicateurs et de méthodes pour aider les collectivités à faire évoluer leur éclairage en tenant compte des spécificités de leur territoire.

Résultats attendus

Les principaux résultats attendus de ce projet sont les suivants :

  • Un état des lieux des stratégies d’éclairage visant à réduire l’impact sur l’environnement ;
  • Le développement d’une méthodologie de concertation et d’intégration de critères environnementaux dans le processus de décision publique concernant l’éclairage ;
  • Une meilleure compréhension de l’impact de ces stratégies sur la sécurité, le confort et la mobilité des usagers ;
  • L’identification des freins et leviers à l’acceptabilité des politiques de sobriété de l’éclairage urbain ;
  • Des indicateurs de la qualité des luminaires au regard des nuisances associées (détectabilité, attractivité, éblouissement) ;
  • Des indicateurs de l’impact des politiques d’éclairage sur le halo lumineux et des « réserves d’obscurité » urbaines (zones sans points lumineux visibles).